le corps
l’écorce de l’air est blessé par les fleurs
avec leurs larmes de rêve en poussière
ton corps à un niveau supérieur
se métamorphose en vent ma chère
déjà les oiseaux y inscrivent leurs chants
déjà les bêtes y cherchent leurs senteurs
ta peau n’est plus d’un éclat brûlant
elle devient signe dès lors
elle devient sens mais son sans interne
le dieu né dort dans une sombre caverne
les prêtres perses aux yeux milliénaires
abîment leurs doigts lors des grands mystères
mais toi tu oublies tes atomes nombreux
tu trempes tes mains le logos te prend
et dieu s’endort chez toi petit et pieux
le dieu qui renonce même à son destin
et toi tu renonces la poussière est leurre
de même que l’esprit et le sol j’y pense
ton corps à un niveau supérieur
se métamorphose en silence
***
mais l’été est si proche notre peine elle chatouille nos mains
les balcons sont si sombres l’eau submerge les croix ou pire
les lilas sont en fleurs et ne nous laissent plus partir
mais l’été est si proche c’est la sublimation tu chiales
des chroniques d’orion des cometes et puis des éclipses
et puis le crépuscule qui se clot au-dessus de ta tête
les broderies de son tonge tu les files de ton bras inerte
et de l’autre tu fumes l’insomnie t’est toujours propice
les arbres se tiennent sur les barques
les arbres ululés d’effroi
les astres gros comme les truites
dorment dans leurs pauvres bras
point la guerre c’est l’absence de guerre qui nous tue à présent
les soirées les briquets les sentences les stations les enfants
c’est l’été qui tremblait fourdroyant dans le grave ciel ardent
comme un paralysé qui répand sa salive sur ses mains
on mordait dans le sol espérant retrouver sa fin
mais la terre devenait chaque journée plus proche et plus grande
et l’été était lourd et l’été nous marchait sur nos seins
et les feuilles elles grattaient dans le noir des souris si hagardes
les arbres emportent les rêves
cent ans on vivra sans guerre
cent ans on vivra sana guerre
les arbres emportent les rêves
un été de ce genre ce n’est plus à survivre ni à boire
un refrain sans issue te retourne retourne le corps
les chroniques d’orion avec les maisonettes d’une blancheur
ô si douce mais tu tombes et tes doigts accaparent les fleurs
toute une mer te mugit à côté et plus rien n’est à croire
ce n’est plus un été c’est d’un coup la conscience de ta fin
les bruits d’eau ils commencent où les voix de la pierre se font muettes
tout cherchait son départ tes genoux ont si mal dans sa perte
tout un ciel s’éclaircit et la mousse te tremblote alerte
les oiseaux te regardent en silence effrayés et hautains
c’est l’ombre qui acquiert les contours
c’est l’ombre qui acquiert les contours de clarté
c’est ton ombre qui acquiert les contours de clarté
c’est ton ombre
(traduit par dmytro tchystiak)